Aline Bonetto
Née dans une famille italienne de Versailles, la proximité du Château lui offrant un formidable terrain de jeu, Aline Bonetto a toujours aimé dessiner sur les marges de ses cahiers et se déguiser dans le grenier où il y avait de grandes malles pleines de costumes de théâtre. Le BAC en poche, elle part voyager, en Afrique de l’Ouest, Afrique Centrale et Afrique de l’Est, pendant un an et demi, un continent qui l’a beaucoup inspirée, et aussi en Inde, au Népal, au Sri Lanka, en Thaïlande et dans les Caraïbes. C’est en découvrant au cinéma le chef-d’œuvre d’Ingmar Bergman, Le Septième Sceau, qu’elle a un choc. Elle aide des amis qui travaillent dans la publicité et découvre le métier de décoratrice. C’est le déclic. Cette activité lui offre enfin ce qu’elle cherchait : création artistique, indépendance, défi permanent, travail d’équipe…
Claudie Ossard, productrice de talent avec qui elle travaille régulièrement sur des publicités, lui fait rencontrer Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro qui préparent leur premier long métrage : Delicatessen. Ce film, ovni des années 90, sera une incroyable expérience cinématographique et marquera le début d’une longue collaboration avec Jean-Pierre Jeunet. D’autres films et d’autres réalisateurs suivront : Philippe Lioret, Gilles Legrand, Danis Tanovic… et une nouvelle collaboration avec Jeunet/Caro pour La Cité des enfants perdus, sur lequel elle travaille en qualité d’ensemblière.
En 2000, elle collabore une nouvelle fois avec Jean-Pierre Jeunet pour Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain, film qui rencontrera le succès tout autour la planète. Ce film la conduira pour la première fois sur le sol américain avec une nomination aux Oscar. Elle obtient également le César des Meilleurs Décors, le Bafta (britannique) des Meilleurs Décors ainsi que le Production Design Award (à Los Angeles). Nouveau film avec Jean-Pierre Jeunet sur fond de première guerre mondiale, Un long dimanche de fiançailles, tourné entièrement en France, obtient le César des Meilleurs Décors et cinq nominations aux Oscars, dont celle pour les Meilleurs Décors.
Puis c’est Micmacs à tire-larigot de Jean-Pierre Jeunet et Yves Saint Laurent de Jalil Lespert nommés aux César des Meilleurs Décors, Astérix aux Jeux Olympiques de Frédéric Forestier et Thomas Langmann, et L’Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet de Jeunet. Elle revient à la pub avec Jean-Pierre Jeunet pour une campagne Chanel N°5 avec Audrey Tautou. À partir de là, elle collabore régulièrement avec cette maison, entre deux longs métrages. C’est sur l’une de ces campagnes qu’elle travaille pour la première fois en qualité de production designer (cheffe décoratrice) avec un réalisateur anglo-saxon : Joe Wright (parfum Coco Mademoiselle avec Keira Knightley). Il lui propose de rejoindre son projet de film, The Little Mermaid, qui finalement n’aboutira pas. Mais il la rappelle une seconde fois sur un gros projet de film produit par Warner, Pan (2015), avec Hugh Jackman et Rooney Mara. L’aventure est belle et extravagante. Elle découvre la fabrication des gros films de studios. Si elle en mesure les contraintes, elle en apprécie aussi les latitudes.
Sa collaboration avec Warner se passe bien et lorsque le studio développe le projet de super-héroïne Wonder Woman (2017), on lui propose de rencontrer Patty Jenkins, pressentie pour réaliser le film. Ce sera sa première collaboration avec une réalisatrice. Le film rencontre un grand succès et l’année suivante, la même équipe est réunie pour un second opus. Elle repart donc à Londres et aux États-Unis pour le tournage de Wonder Woman 84 (2020).
Depuis, elle a retrouvé Jean-Pierre Jeunet pour son nouveau projet, Bigbug, film d’anticipation produit par Netflix. Patty Jenkins lui propose de l’accompagner sur un autre projet de rêve, un nouveau film Star Wars, Rogue Squadron qui l’occupe pendant huit mois. Mais le film ne se fera malheureusement pas, pour divergences autour du scénario entre metteur en scène et Lucas film. Aujourd’hui, elle travaille sur le prochain film de John Woo, The Killer.